SUICIDES A SAINT-MARCEL

"LE RETARD DE CE TRAIN N'EST PAS IMPUTABLE A LA SNCF"


Je connais la phrase par coeur; elle m'a été répétée, serinée, passée en boucle depuis plusieurs jours.

A l'aller, sous la chaleur niçoise, un agent de quai s'est épongé le front et a prononcé la petite phrase.
Au retour, sous les néons de la Gare de Lyon, un de ses collègues a transmis la même information.

"Et pourquoi, et pourquoi?" questionnait tout un TGV atterré et épuisé par deux heures passées en rase campagne.
"Suicide à Saint-Marcel, Messieurs-dames", aussi :

"LE RETARD DE CE TRAIN N'EST PAS IMPUTABLE A LA SNCF"

Saint-Marcel, priez pour nous, épargnez-nous ces tromperies bureaucratiques et surtout, expliquez-nous pourquoi autant de malheureux viennent mettre fin à leurs jours dans votre petit village aux portes de Marseille.

Un suicide par jour depuis une semaine selon mes renseignements et toujours au même endroit, j'en ai fait les frais, des amis aussi, alors nous avons décidé d'en savoir un peu plus. Difficile, "Suicides à Saint-Marcel, Messieurs-dames!"

Mais alors comment expliquer le ralentissement du TGV en banlieue parisienne? Encore une heure d'attente tout de même et pas la moindre annonce, pas l'ombre d'un contrôleur.

Répondez Saint-Marcel, ne nous laissez pas dans l'ignorance ... Pas de réponse? Alors passez-moi la SNCF je vous prie et faites diffuser une annonce plausible pour nous, pauvres usagers bernés!

Ah! La voici, chut :

"LE RETARD DE CE TRAIN N'EST PAS IMPUTABLE A LA SNCF"